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Semer des graminées, de Nathalie Longevial (chronique + interview)

Aujourd’hui, j’ai très envie de mettre à l’honneur une auteure talentueuse que j’adore : Nathalie Longevial ! Je l’ai rencontrée dans le cadre de mon Agence et j’ai rapidement eu un coup de cœur pour cette personnalité attachante, cette plume addictive et délicate et ses histoires authentiques.

Son dernier livre, Semer des graminées, est un récit qui m’a profondément marquée. L’auteure raconte les derniers mois de la vie de son papa atteint d’un cancer. Elle se livre avec une pudeur et une intelligence incroyable. Nathalie fait partie de ces auteurs que j’apprécie tout particulièrement : un style contemporain, une plume fluide et poétique. Elle est une merveilleuse conteuse de la vraie vie. Ayant moi-même vécu la maladie d’une personne très proche, je me suis souvent reconnue dans les sentiments et les émotions.

On pourrait craindre un livre déprimant, voire carrément plombant… Mais il n’en est rien. Certes, de nombreux passages sont très émouvants mais on ne tombe jamais dans un pathos gênant ou mettant mal à l’aise. Ce livre est beau et représente pour moi une très belle déclaration d’amour d’une fille envers son papa.

Semer des graminées est une lecture que je vous conseille à tous et à toutes…

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Pouvez-vous vous présenter ?

Je suis auteure indépendant (je préfère dire ça que auto-édité). DRH depuis plus de vingt ans (ce qui vous donne donc une indication quant à mon âge). On ne peut pas dire que j’écris depuis toujours. Enfin, bien sûr que si j’écris, mais au début c’était surtout des contrats de travail, des plans de formation et des plans de carrière. Je suis venue à l’écriture par le blog. Petit à petit la petite communauté qui me suivait m’a incitée à écrire autre chose que des articles. Une partie de mon blog s’est transformée en un livre intitulé « Vent fort, mère agitée » paru en 2012 chez Unlimited. Un jour j’ai eu envie de changer de vie, j’ai déménagé au bord de l’océan et j’ai commencé à écrire des livres. Un premier roman a vu le jour « Parce que la vie ne suffit pas » en 2018 et « Semer des graminées » a suivi en juin 2019.

Semer des graminées est un livre fort, poétique et si personnel. Pouvez-vous nous en parler ?

Il s’agit du journal romancé d’une fille dont on suit le cheminement face au cancer dont est atteint son père. Il s’agit d’une déambulation initiatique où je retricote les souvenirs, les non-dits et où je colmate les fissures comme il peut y en avoir dans toute relation entre une fille et son père. Beaucoup de lecteurs m’ont dit avoir retrouvé leurs émotions en pareille situation, avoir lu les mots qu’ils n’avaient pas pu poser. Ceux qui ne sont pas concernés par la mort d’un proche m’ont dit l’avoir aimé pour sa poésie et parce que ce n’est pas un livre sur la mort mais une ode à la vie. Une jeune femme m’a écrit un long message et m’a dit « maintenant, je n’ai qu’une envie, que mon père le lise. Je lui ai donc offert. » Voilà, c’est un magnifique cadeau qu’elle m’a fait parce que c’est exactement ce que j’espérais, qu’ils donnent envie aux gens de se dire qu’ils s’aiment.

Combien de temps a duré l’écriture ?

Écrire m’est venu assez tard dans le processus de maladie de papa, mais en gros ça m’a pris autant de temps que le cancer dont il souffrait nous en a laissé. Soit 20 mois. J’ai d’abord pensé qu’il s’en sortirait. Il était médecin, il avait vaincu des tas de maladies, il ne pouvait que réussir avec la sienne. Au bout de six mois, il est devenu évident que l’histoire n’allait pas aussi bien se terminer que je l’aurais voulu, alors, j’ai ouvert une sorte de journal. J’ai commencé à consigner mes pensées parce que j’ai une mémoire très sélective qui abandonne en cours de route trop de choses, et dans ce cas précis, je voulais me souvenir. De lui. De moi. De choses insignifiantes sans doute mais qui avaient fait mon enfance, qui avaient fait celle que je suis aujourd’hui. Au début, ce n’était rien d’autre qu’un dossier dans mon ordinateur, je n’étais pas très assidue, je travaillais sur autre chose. J’ai pensé qu’il resterait à jamais bien au chaud dans mon disque dur et que mes enfants le trouveraient un jour. À ma mort.

Semer des graminées vous a-t-il permis de mieux gérer votre chagrin ?

Sans doute. Sans doute. L’écriture est un exutoire donc il y a des chances qu’elle ait eu sur moi un effet cathartique.

Quels ont été les retours des membres de votre famille suite à la lecture ?

En général les gens de ma famille l’ont adoré. Ceux que je cite dans le livre l’ont lu en avant-première et m’ont donné leur aval. Les amis de papa m’ont fait des retours extraordinaires, il paraît qu’on le retrouve tellement, que ça en est fascinant. Ceux qui ne le connaissaient pas (parce qu’à mon âge, si vous voulez, j’ai des amis dont mon père ne savait rien) ont trouvé que grâce à ce livre ils avaient l’impression de me connaître depuis toujours.

Ont-ils compris votre démarche ?

En fait je n’en sais rien, je n’ai pas l’habitude de demander avant de faire les choses ni de m’allonger sur un divan pour expliquer pourquoi je les fais. Ils m’ont laissé faire donc je pense qu’ils l’ont comprise.

Quels sont vos livres préférés ?

Je suis une grande lectrice, quasiment boulimique, donc je vais vous parler des derniers que j’ai beaucoup aimés, sinon on y passerait la nuit : « Le matin est un tigre » de Constance Joly pour sa poésie, « Mon désir le plus ardent » de Pete Fromm, parce qu’un livre d’amour n’est pas forcément cousu de fil blanc, « Les déraisons » d’Odile d’Oultremont pour la folie et « Les oubliés du dimanche » de Valérie Perrin pour son côté cinématographique. Après, il y a « L’ombre du vent » de Carlos Ruiz Zafon qui m’a empêché de lire tout autre livre pendant six mois. Il me semblait que tout était dit.

Quel roman injustement méconnu voudriez-vous faire découvrir aux lecteurs ?

« Parce que la vie ne suffit pas », ça compte ? Ah ! Ah ! Ah !
Quand j’ai commencé à écrire, je ne savais pas trop quoi raconter, je ne savais même pas si j’avais quelque chose d’intéressant à raconter. Je butais continuellement à la page 100. J’effaçais, je recommençais. Un ami m’a dit « commence par écrire que tu n’arrives pas à écrire, moque-toi de toi et après, on verra ». C’est ce que j’ai fait.
Marie rêve d’écrire mais n’y arrive pas. Son mari lui offre une semaine en résidence d’écriture. Là-bas elle rencontre d’autres apprentis auteurs. Elle comprend qu’on peut vouloir écrire pour plein de raisons et ne pas y arriver pour tout autant. Mais là n’est pas le pire.

En ce moment, que lisez-vous ?

C’est une période étrange qui s’est rarement produite : je ne lis rien. J’ai un livre en cours mais que je n’arrive pas à terminer (du coup, je ne vous donnerai pas le titre parce que ce n’est absolument pas de la faute de l’auteur, c’est simplement que ce n’est pas le bon moment pour lui et moi), et aucun de ceux en attente, qui squattent ma liseuse (14) ne me tente.

Quels sont vos projets ?

Je viens de terminer mon prochain roman. Il devrait sortir en auto-édition courant juin 2020. En ce moment je le laisse prendre du large, je le laisse s’émanciper avant de lui inventer une jolie couverture. Ah, vous vouliez peut-être que je vous donne le titre ? Mèreveilleuses.

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Pour en savoir plus :

https://nathalie-longevial-auteure.com/

https://www.instagram.com/nathalie_longevial/

 

 

 

 

 

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