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Retrouver Gabrielle, de Jean-Benoît Dumonteix (chronique et interview)

Retrouver Gabrielle est le premier roman de Jean-Benoît Dumonteix. Nous suivons l’histoire de Marcus, psychologue, qui décide de rechercher sa mère disparue près de 10 ans plus tôt. Il faut dire que les photographies reçues de manière anonyme, dévoilant sa maman sous un jour nouveau (elle avait alors 20 ans !), ne sont pas étrangères à sa détermination. Pour y parvenir, il décide de s’entourer du détective Lacoste pour lever le voile sur ce mystère.

Le pitch de départ est des plus séduisants. Plusieurs ingrédients n’ont fait que susciter ma curiosité. Le personnage principal, Marcus, est gai. Psychologue. Dépressif. Et tout cela combiné à une intrigue (plus ou moins) policière. Comment résister ?

Vous connaissez également mon affection toute particulière pour les premiers romans… Retrouver Gabrielle brille par son style et son originalité. Il est surprenant et touchant. Pendant ma lecture, plusieurs références littéraires me sont venues. Les échanges et l’ambiance du livre m’ont rappelé Hygiène de l’assassin d’Amélie Nothomb. Il y a également une petite touche de folie (ordinaire ?) qui m’a fait penser à En attendant Bojangles d’Olivier Bourdeaut. Les comparaisons s’arrêtent ici. Retrouver Gabrielle n’est pas un ersatz de ces deux oeuvres !

La plume est fluide et talentueuse. Les mots sont bien choisis. Jean-Benoît Dumonteix s’en sort avec les honneurs pour ce premier essai des plus prometteurs. Je trouve aussi que cela fait du bien de sortir des sentiers battus en proposant une oeuvre qui ne soit ni du feel-good ni du young-adult. Même si j’apprécie ces genres littéraires, j’ai vraiment aimé sortir de ma zone de confort et me laisser porter par l’histoire de Marcus… Et surtout de Gabrielle ! C’est assurément elle le personnage central du livre !

L’histoire de Gabrielle m’a tenue en haleine tout au long des 240 pages. La force du roman est également d’instaurer un climat particulier et une sorte de montée en pression (en puissance ?) au fur et à mesure de l’intrigue. On termine limite en apnée.

En définitive, je ne peux que vous conseiller de partir à la recherche de Gabrielle. Qui se laissera tenter ?

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Résumé

Marcus n’a plus d’homme dans sa vie. Ni de mère, depuis cette nuit de janvier 2008 où Gabrielle a disparu sans prévenir ni laisser de trace. De quoi faire sombrer dans la dépression son psychologue de fils.
D’autant qu’après une enquête policière inaboutie, Marcus s’était convaincu d’abandonner les recherches et d’oublier… Jusqu’au jour où il reçoit un pli anonyme comportant des photos de sa mère, prises alors qu’elle avait 20 ans.
Qui est en train de jouer avec lui ? Et quels secrets ces photos inédites recèlent-elles ?
Avec l’aide du détective Lacoste, il reprend les recherches, bien décidé, cette fois-ci, à venir à bout du mystère. De Paris à Périgueux en passant par Lacanau, il découvrira bien plus que ce qu’il avait imaginé.

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Interview de Jean-Benoît Dumonteix

J’ai décidé d’accompagner certaines de mes chroniques d’une interview de l’auteur… Histoire d’en savoir plus sur lui et sur son livre. Découvrez mon entretien avec Jean-Benoît Dumonteix, auteur attachant et adorable d’un premier roman prometteur !

Pouvez-vous vous présenter ?

Je m’appelle Jean-Benoît Dumonteix, j’habite Paris depuis une vingtaine d’années après avoir vécu à Bordeaux, Toulouse et Londres. Je suis originaire de la région du Médoc, bien connue pour ses vins. J’ai eu plusieurs vies professionnelles.

Retrouver Gabrielle est votre premier roman. Quelle est la part autobiographique ?

Retrouver Gabrielle est effectivement mon premier roman publié, mais il en existe un autre, le tout premier que j’ai écrit lorsque j’avais 15 ans.
C’est toujours compliqué de répondre à la question sur la part d’autobiographie dans un écrit…. Bien entendu qu’il y a des éléments qui parlent de moi, qu’il y a des détails de ma vie dans ce roman. C’est une source inépuisable d’inspiration, la vie que je mène ! J’aime revisiter les moments, les grossir, les amoindrir, bref, les remodeler à ma façon. Souvent je me dis “et si au lieu de dire ça, j’avais dit ça, qu’est-ce qui se serait passé ?”. Et je me mets à écrire !
Dans le cas de ce roman, j’ai voulu parler d’un point très important pour moi qui est le lien mère-fils, ou plutôt fils-mère ici. Comment détester celle qui nous a donné la vie ? Comment détester la personne qu’on aime le plus au monde ? Comment finalement vivre avec cette ambivalence des sentiments ? C’est de cette place-là que j’ai essayé d’écrire. C’est toujours une énigme pour un fils, la vie d’une mère. Pas en tant que mère, mais en tant que femme. Qui est (ou était) la femme qui est ma mère ? Voilà, je crois la question centrale de ce roman.

Combien de temps a duré l’écriture du livre ?

Tout dépend si l’on prend en compte simplement la période de passage à l’écrit, l’acte d’écriture, ou si l’on prend aussi en compte toute la période de gestation de l’histoire. Je dirais que cela fait 10 ans que j’ai en tête une histoire, mais que je ne me suis autorisé à l’écrire il y a quatre ans seulement.

Quel déclic vous a poussé à écrire l’histoire de Retrouver Gabrielle ?

En 2014, j’ai rencontré Anne Brunswic au cours d’une lecture-rencontre pour un de ses romans “Voyages avec l’absente” qui parle de sa mère et de secrets qu’elle a découverts après sa mort. J’avais commencé à griffonner quelques pages, je cherchais la voix, le biais par lequel j’allais pouvoir laisser courir l’histoire de Gabrielle et de Marcus. Je lui ai posé une question, je ne sais plus laquelle, et elle m’a demandé “vous écrivez sur votre mère ?” J’ai répondu oui. “C’est bien, continuez !”. J’étais bouche bée. Elle savait. Et surtout, c’est là que je me suis réellement mis à écrire : elle m’autorisait à déplier l’histoire. Parfois, il suffit de peu !

Tous vos personnages présentent une addiction. Pouvez-vous nous en dire plus ?

En réalité, je ne m’en étais pas aperçu. Cela s’est fait de façon instinctive. Peut-être est-ce que je pense que chacun a son addiction dans la vie, chacun est soit accro au téléphone, soit au jeu, soit à la cigarette, à l’alcool… C’est comme si chaque personnage donnait une clé sur sa personnalité et ses fragilités à travers son addiction.
Quand je dis que je ne m’en étais pas aperçu, je souligne le fait que c’est mon éditrice qui me l’a pointé. Et j’aime bien cette idée que chaque personnage a sa part d’ombre, son “passager sombre” comme j’aime dire. J’aime les personnages complexes, avec du relief, des personnages qui ont morflé.

Votre métier a-t-il influencé l’histoire ?

Mon métier (psychanalyste) a forcément permis que le personnage de Marcus soit crédible, dans la peau d’un psychologue, qui plus est dépressif. Quant à l’histoire en tant que telle, vous savez, j’en entends des bien pires ! En matière de famille et de secrets, je crois que la réalité dépasse largement la fiction !

Quels sont vos livres préférés ?

J’ai absolument adoré “Notre vie dans les forêts” de Marie Darrieussecq. J’ai même choisi d’en faire une étude psychanalytique l’an dernier. La dystopie qu’elle décrit et l’abolition de la subjectivité par le monde des robots, c’est un sujet qui me parle beaucoup. Et puis cette étude m’a permis d’être en lien avec Marie. Je lui ai beaucoup écrit, tout au long de mes recherches. C’est une femme tout à fait sympathique et très abordable. Mon travail a été publié sur son site internet.
J’ai été très heureux de dévorer toutes les histoires de l’Inspecteur Gamache, de Louise Penny. La lecture de ces romans m’a même décidé à aller au Canada, pour y chercher l’esprit de l’histoire. Louise Penny a un don pour camper des ambiances.
J’aime les livres à intrigue ou bien les livres contemplatifs, poétiques. Et lorsque les deux sont réunis, c’est un pur régal !

Quel roman injustement méconnu voudriez-vous faire découvrir aux lecteurs ?

L’Amant des morts”, de Mathieu Riboulet, qui est décédé l’an dernier. Je ne sais pas s’il est injustement méconnu, mais en tous les cas il mérite d’être lu. C’est une histoire très émouvante, cela parle de l’amour entre hommes, de la soumission à la souffrance de l’autre, de la maladie. C’est très poétique, très joliment écrit, mais ça n’est pas très drôle, vous l’aurez compris. À bien y réfléchir, je n’aime pas trop les livres drôles. À l’exception de quelques-uns, particulièrement bien écrits. Mais ils ont en général un fond assez sombre, et leur humour est une pulsion de vie au milieu d’un chaos.

En ce moment, que lisez-vous ?

Je relis “L’Aliéniste” de Caleb Carr. Encore une histoire de psy ! L’ambiance y est intrigante, baroque et j’ai toujours plaisir à le relire. C’est un de ces livres dans lesquels on plonge. On se retrouve dans les endroits, on est dans la peau des personnages et on veut connaître le meurtrier. Ça doit être la quatrième fois que je le lis !

Quels sont vos projets ?

J’ai tout d’abord ce roman à porter, à emmener au plus près d’un public. Un premier roman, c’est toujours particulier, il n’y en aura pas d’autres comme celui-ci, il est unique car c’est le tout premier. J’espère que les lecteurs viendront me parler lors des signatures-rencontres en novembre et après. Je serai aussi présent sur les réseaux sociaux où je parlerai de mon actualité.. Ensuite, j’ai quelques projets professionnels que je dois mener à bout, donc le début de l’année 2019 y sera consacré. Mais à partir de l’été prochain, il est fort probable que je me remette à l’écriture de mon second roman, que j’étais en train de construire lorsque Fauves Editions m’a appelé pour la publication de “Retrouver Gabrielle”… J’aimerais trouver un endroit de résidence d’écriture quelque part. À bon entendeur…! Et je pense aussi que je reprendrai l’animation d’ateliers d’écriture au sein des Ateliers de Montmartre, à Paris. En bref, je vais être occupé !

Pour suivre l’actualité de Jean-Benoît Dumonteix, rendez-vous sur les réseaux sociaux !
https://www.facebook.com/jbdumonteixauteur
https://www.instagram.com/jb.dumonteix/

Retrouver Gabrielle – Est-ce que ce livre vous tente ?

 

 

 

 

 

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2 Comments

  • Reply
    Mathilde
    26 octobre 2018 at 10 h 06 min

    Bravo pour cette très belle chronique. Tu me donnes en effet très envie de livre ce livre. Le pitch a l’air top !

    • Reply
      Fanny
      2 novembre 2018 at 15 h 12 min

      Merci beaucoup ! :)

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